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Faut-il encore fabriquer de l’acier à Liège ou faut-il passer à autre chose ?

lundi 8 avril 2013, par riposte-cte

Local 306, “La classe est un ancien laboratoire à l’abandon. Tout est jauni et vieux. Les rideaux tombent en loques, les fenêtres font passer l’air glacé…”. Une école technique, adossée à un métallurgie qui, depuis des lustres, innerve l’école de ses odeurs, de son rythme, de ses soubresauts. Un prof de banlieue ouvrière regarde de sa classe sa vallée industrielle qui meurt, ou que l’on tue, ou qui mute. Une vallée tranchée, en territoires qui disent des morceaux d’histoire, des tensions sociales, irréductibles. Mutation…fin d’une histoire… Inquiétant mais, en même temps, cela n’est pas nouveau… L’industrie en son temps a évacué les prés, les bêtes, les cultures potagères…

"… que je n’aie que mon imagination pour penser qu’il y a à peine deux siècles, autour de moi, devaient paître des vaches et des moutons, qu’il devait y avoir un champ de blé, sans doute une ferme, deux ou trois chaumières et quelques âmes paysannes qui remerciaient les dieux de la terre et de la fécondité."

http://precarious-united.tumblr.com/post/46449503668/desindustrialisation-au-pays-de-liege

Mutation donc, une fois encore. Pour le meilleur ? pour le pire ? Et les hommes là-dedans, les communautés, NOS communautés… disloquées, reconstituées, blessées.

"La volonté des travailleurs de garder leurs outils de travail coûte que coûte, nous replonge dans le dilemme dont nous, habitants de ces vallées industrielles en décomposition, sommes confrontés déjà depuis quelque temps, à savoir : faut-il abandonner la production d’acier et passer à autre chose comme nous y poussent les économistes néolibéraux ? Ou faut-il garder ce savoir-faire, le moderniser et y placer notre futur comme nous y poussent les organisations syndicales ? J’ouvre la porte."

Un article très nuancé, qui, d’un “je”, à la belle subjectivité, assumée et incarnée, pose de fines questions, complexes, paradoxales… Entre héritage et rupture, entre révoltes, colères et reconstructions par des jeunes générations qui peut-être grandissent déjà dans un autre imaginaire, d’autres récits… ”Comment cela les habite, comment ça les affecte ?”, reste pourtant la question du professeur . Un élève prend l’éponge :

" En moins de deux, l’humidité fait briller le tableau qui à l’air comme neuf, une ardoise vierge. Une autre leçon peut commencer."

Un tableau prêt à accueillir une nouvelle histoire, de nouvelles histoires, à écrire. Où il y aura, on le sait, de la vie, de nouveaux “déjà là”, des “autres choses”, des soubresauts imprévisibles, qui échappent au prof, à nous,

"Et c’est ainsi que les hommes vivent… !?"… et résistent.

http://precarious-united.tumblr.com/post/46449503668/desindustrialisation-au-pays-de-liege